Billet d’humeur du 12 décembre 2021

Il y a tout d’abord, évidemment, cette pandémie de Covid-19. Cette pandémie dont les vagues n’en finissent plus. Faute d’un réel vaccin accessible à l’échelle mondiale, chaque trimestre voit désormais son nouveau variant, plus agressif et contagieux que le précédent, nous enfermant dans une spirale sans fin d’embellies et de restrictions sanitaires, comme une « bulle de présent » dont nous n’arrivons pas à sortir. A l’image des crises cycliques qui émaillent l’histoire du capitalisme, ces vagues sont le reflet des impasses d’un système économique qui ne cherche même plus à juguler la pandémie à l’échelle planétaire, trop content qu’il est de pouvoir vendre à prix d’or des 3ème doses aux pays riches tandis que les pauvres attendent toujours leur première injection.

Mais il y a aussi cette extrême-droitisation des thèmes mis en avant par les chaînes d’information continue et par toute une frange du personnel politique. Après avoir créé de toutes pièces le phénomène Zemmour comme ils avaient créé le candidat Macron en 2017, les médias ne passent plus une journée sans mettre en avant les thèmes de campagne du protégé du milliardaire Vincent Bolloré. Face à une Marine Le Pen en voie de normalisation, pour mieux préserver ses intérêts de classe, l’oligarchie capitaliste et médiatique semble avoir trouvé là un bon moyen de revigorer et d’orchestrer à distance le duel factice qu’elle souhaite voir se dérouler à nouveau au second tour des élections présidentielles entre d’un côté les proto-fascistes et de l’autre les tenants du néolibéralisme.

A cause de ce grand raout médiatique, les discours racistes et xénophobes se banalisent et les candidats d’extrême-droite sont désormais annoncés à 35% d’intentions de vote dans certains sondages. A droite, la primaire des prétendus « Républicains » a été l’occasion d’une course à l’échalotte pour faire la courte échelle à l’extrême-droite, chaque candidat se montrant plus radical que l’autre pour mettre toutes nos difficultés sur le dos des étrangers et de nos compatriotes d’origine étrangère… Valérie Pécresse, qui en est sortie gagnante, n’a pas été la dernière à ce sujet, établissant un lien entre l’immigration et la montée de la violence et de la délinquance et proposant la mise en place de quotas annuels d’immigration par métier et par pays…

Ce climat rance n’est malheureusement pas une spécificité franco-française. Il n’y a qu’à voir le traitement inhumain réservé aux réfugiés moyen-orientaux ou africains laissés à leur sort dans un froid glacial à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. L’Union européenne se barricade, elle construit des murs, mais elle reste indifférente au sort d’une immense partie de la planète, ravagée par le pillage des multinationales, soumise à des dictatures féroces, rendue invivable par la dérèglement climatique. Dans ce contexte, les drames se succèdent, à l’image du naufrage de 27 personnes, dont de nombreuses femmes et des enfants, qui ont perdu la vie en tenant de traverser la Manche, coupables selon les dirigeants européens d’avoir voulu connaître un avenir meilleur…  Le cynisme de l’UE est criminel. Plus que jamais, nous, communistes, réaffirmons notre solidarité de classe avec les immigrés et nous continuerons d’exiger l’inéligibilité des personnes condamnés pour racisme, comme l’a proposé Fabien Roussel.

Les antennes parlent d’immigration et de sécurité à longueur de journée et organisent la montée de l’extrême-droite en mettant ses thématiques au cœur du débat public. Pourtant les préoccupations principales des français portent sur la santé, sur l’éducation ou sur le pouvoir d’achat, comme viennent nous le rappeler les mouvements sociaux importants qui ont lieu en Guadeloupe et en Martinique.

Oui, alors que la Bourse de Paris bat des records, les prix des produits du quotidien continuent d’augmenter les emplois continuent d’être détruits selon le bon vouloir des actionnaires, à l’image des destins brisés chez Benteler dans l’Yonne, chez MBF dans le Jura ou chez SAM dans l’Aveyron.

Alors que 10 millions de français vivent dans la pauvreté ou la précarité, les dividendes des entreprises françaises ont atteint le chiffre faramineux de 51 milliards d’euros (contre 14,3 milliards d’euros en 2018) et les 500 familles les plus fortunées de notre pays ont vu leur patrimoine doubler depuis le début du quinquennat Macron (+ 30% rien qu’entre 2020 et 2021 !).

C’est cette réalité crue de l’explosion des inégalités que les capitalistes, l’élite médiatique et le grand patronat entendent cacher derrière le paravent des discours sur l’immigration, sur le terrorisme et sur un prétendu « grand remplacement ».

L’urgence, ce n’est pas de mettre fin au droit du sol ou de bâtir des murs à l’Est de l’Europe pour stopper l’afflux de réfugiés… L’urgence, c’est d’aller vers une plus juste répartition des richesses, vers une hausse des salaires, des pensions et des minima sociaux. L’urgence, c’est de mettre fin à l’évasion fiscale et de taxer les grandes fortunes pour qu’on puisse en finir avec le recul des services publics, les fermetures de lits et d’hôpitaux… L’urgence, c’est de permettre à tout le monde de sortir de la précarité et de pouvoir se projeter dans le futur, en mettant en place une réelle sécurité d’emploi et de formation. C’était d’ailleurs le sens du rassemblement très réussi organisé par notre Parti à Stalingrad le 21 novembre dernier autour des propositions pour l’emploi et le pouvoir d’achat que porte notre candidat Fabien Roussel : un grand service public de l’Emploi et de la Formation, les 32h, le SMIC brut à 1800 €, l’égalité salariale femmes-hommes, aucune retraite en dessous de 1200 € net, la retraite à 60 ans, l’indexation des salaires sur l’inflation, le droit de préemption pour les salariés des entreprises où l’emploi est menacé, 500 000 embauches dans la fonction publique, le triplement de l’ISF, un pacte pour la jeunesse et l’abolition du régime spécial du Capital…

L’urgence, à l’opposé d’une COP26 qui aura consacré l’incapacité du capitalisme à sortir des dogmes et de sa logique concurrentielle pour préserver notre écosystème, c’est de préserver les biens communs mondiaux que sont l’eau, la terre, les forêts et l’air.  C’est d’ailleurs le sens de 2 des propositions de loi qu’ont portées nos députés à l’assemblée nationale le 2 décembre dernier (et qui a été rejetée par la droite) et qui visaient à créer un statut juridique des biens communs permettant de les protéger et de sortir du calcul des déficits publics l’ensemble des dépenses d’investissement dans la transition écologique. C’est aussi le sens des propositions de Fabien Roussel avec un pacte de 140 milliards d’euros pour le climat et pour l’emploi, la relocalisation de la production industrielle (appuyée par des filières industrielles publiques et par une énergie publique décarbonée), la gratuité des transports en commun urbains et le développement des transports peu polluants, la neutralité carbone d’ici 2050, une taxation renforcée des transports aériens, la TVA à 0% sur les billets de train, le remboursement intégral des abonnements TER pour les salariés, la rénovation de 500 000 passoires thermiques par an ou la nationalisation d’EDF et d’Engie…

C’est ça, le Défi des Jours Heureux que nous voulons relever. Plutôt que la division en fonction des origines et couleurs de peau, plutôt que la haine, comme le disait Fabien Roussel le 21 novembre dernier, nous voulons « la France des jours heureux, la France retrouvant le chemin du progrès grâce à des réformes qui rassemblent notre peuple autour des principes de justice, d’égalité, de démocratie. Cette France-là, c’est celle de la République sociale, laïque, féministe et démocratique. La République qui sécurise tous les aspects de l’existence humaine. »