Contribution sur les élections européennes

Retrouvez ci-dessous la contribution collective rédigée à l’issue du débat qui s’est déroulé lors de nos réunions de section des 20 et 28 mars dernier concernant les élections européennes de 2019 et dans le cadre de la préparation du 38ème congrès du PCF.

N’hésitez pas à voter pour elle si vous vous y retrouvez en utilisant le lien vers le site participatif du congrès fourni ci-dessous.


La sortie des traités, une offre politique cohérente avec notre visée : https://congres2018.pcf.fr/8/la_sortie_des_trait_s_une_offre_politique_coh_rente_avec_notre_vis_e

  • En premier lieu, nous avons quelques regrets à exprimer sur la façon dont ce chantier est mené :
    • Nous ne comprenons pas pourquoi le débat sur les élections européennes a été mené dans la précipitation avec un Conseil National d’arbitrage calé fin mars 2018 alors que les élections n’auront lieu qu’en mai 2019 et que les documents d’animation du débat n’ont été fournis que début mars. Moins d’un mois pour discuter du sujet (parmi tous les autres thèmes du congrès à débattre), ce n’est pas sérieux. Il aurait été souhaitable, surtout sur un sujet aussi important pour la crédibilité de la politique alternative proposée par notre Parti que le débat ne soit pas tronqué.
    • La résolution issue du Conseil National des 30 et 31 mars, qui du fait de ces conditions de débat « particulières » n’a pas pu pleinement profiter de l’intelligence collective des différentes sections nous semble s’articuler autour d’un slogan « En Europe, l’humain d’abord, pas la finance ! » qui nous semble dépassé.
      • « L’Humain d’abord » renvoie encore au programme du Front de Gauche de 2012 et ne nous semble pas à même de faire entendre que nous avons des idées neuves à proposer, sans compter le fait que l’utilisation de ce mot d’ordre ne manquera pas de créer la confusion avec les listes proposées par Jean-Luc Mélenchon.
      • L’utilisation du terme « finance » plutôt que de « capitalisme » nous semble révélateur des difficultés que nous avons à assumer notre visée communiste et notre ambition révolutionnaire.

 

  • Il est important d’analyser l’état de l’Union Européenne actuelle pour élaborer notre stratégie :
    • Un désamour tend à se généraliser dans la population et se traduit dans la plupart des pays par une montée de l’extrême droite et des souverainistes qui parviennent à capter les colères de ceux qui se sentent exclus du néolibéralisme.
    • La seule expérience d’un gouvernement de gauche radicale en Europe avec l’arrivée de Syriza au pouvoir en Grèce s’est traduite par un échec cuisant car Alexis Tsipras n’a pas souhaité aller au conflit avec les institutions européennes malgré le soutien de son peuple. Notre soutien affiché au gouvernement Tsipras jusqu’à aujourd’hui, malgré les reculs sociaux qu’il a porté (sous la dictée de la troïka) et la remise en cause du droit de grève, nous semble brouiller totalement la crédibilité de la politique alternative que nous souhaitons porter. Surtout qu’en parallèle, au plan international, nous n’affichons pas un soutien aussi constant à des gouvernements progressistes qui œuvrent eux réellement pour leur population comme ceux du Venezuela ou de Cuba.
    • A l’occasion du traitement indigne infligé à la Grèce, l’Union Européenne a révélé aux yeux de tous qu’elle est bien un instrument aux mains du capital, de l’oligarchie, du patronat et des actionnaires. Comme le disait un de nos camarades, « tout le monde sait que l’Europe est faite pour nous taper dessus ». Prétendre le contraire nous paraîtrait suicidaire.
    • Les traités européens en vigueur ne permettent pas de changement significatif de la politique sociale ou économique de l’UE sans l’unanimité ou sans la majorité des deux tiers. Le fait que nos propositions de réorientation ou de « refondation démocratique » de l’Europe deviennent majoritaires dans ces conditions semble peu crédible à court ou moyen terme, eu égard à la faiblesse des mouvements progressistes et à la montée des nationalismes dans toute l’Europe de l’Est et même chez nos voisins (Allemagne, Italie, Autriche…). Quelle crédibilité d’une réorientation de la BCE dans ces conditions ? Nous ne changerons pas l’Union Européenne tout seul. Il faut tenir compte de cet état de fait, sinon, nous resterons dans l’incantation et ne proposerons pas une alternative crédible et réellement révolutionnaire. Nous continuerons alors à alimenter le sentiment qu’ont de plus en plus de gens que rien ne peut modifier l’orientation de l’Europe.
    • Sur le plan international, l’Union Européenne s’est de plus en plus alignée sur les positions de l’OTAN et ne s’en démarque malheureusement que par une politique migratoire honteuse qui cause chaque année des milliers de noyages sur nos rivages. Elle soutient désormais sans mot dire les gouvernements turcs, israéliens, libyens, saoudiens et autres tortionnaires… Nous ne pouvons cautionner ça.
    • Via Erasmus et quelques bourses, l’UE s’est achetée à peu de frais la sympathie des futures élites internationalisées de tous les pays d’Europe. Nous devons de notre côté travailler à révéler son vrai visage.

 

  • Concernant la vision originale des communistes :
    • Plutôt que « rompre avec l’UE libérale » comme le propose la résolution du CN, ayons le courage de dire clairement que nous entendons sortir des traités et que la France sera à l’initiative pour en proposer un autre. Si une aspiration à l’Europe existe dans la population, c’est au travers d’une volonté de coopération, d’échanges culturels et de partage dans le respect de chacune et de chacun. Nous devons partir de là pour construire une autre Europe mais sans forcément se limiter au carcan de l’UE actuelle.
    • Soyons clairs sur le fait que nous refuserons la transposition des directives européennes de mise en concurrence et de régression sociale ou écologique
    • Déclarons haut et fort que la France sera « pays hors CETA », qu’elle refusera la mise en application des traités de libre-échange et qu’elle travaillera à mettre en place de réelles coopérations et alliances, au-delà même des frontières de l’UE.

 

  • Concernant les thèmes prioritaires de campagne, 3 sujets se détachent suite à nos débats :
    • Justice fiscale, compte tenu de l’ampleur de l’évasion et de l’optimisation fiscale et du nombre de paradis fiscaux qui œuvrent au sein même de l’UE.
    • Défense et développement des services publics et de la Santé, étant donné que l’impact négatif des directives européennes y est visible au quotidien en termes de privatisation rampante et de dégradation du service offert aux citoyens.
    • Politique hospitalière à l’égard des réfugiés (plutôt que migrants), en rappelant que l’immigration est avant tout liée aux soucis de développement des pays concernés et que les gens ne partent jamais par plaisir de leur pays. Emigrer est un déchirement.
  • Concernant le renforcement et l’union des forces progressistes dans le Parlement européen, il nous semble important de :
    • Continuer le travail avec le groupe GUE-NGL mais en visant à réellement amplifier les campagnes menées à un niveau européen. Nous nous étonnons ainsi de ne jamais avoir vu d’affiches ou de tracts portant le sigle GUE-NGL et articulés avec une campagne européenne. Vu que le capital s’est organisé à cette échelle, il est essentiel que les partis communistes et progressistes mènent ensemble des combats à la hauteur des attaques que nous subissons. La tenue d’un meeting européen à l’automne nous semble à ce titre un symbole important.
    • Travailler à une convergence avec plus de forces de gauche radicale et de forces écologistes alternatives au niveau européen en ne se limitant pas aux forces du PGE (certains d’entre nous pensant d’ailleurs qu’une sortie du PGE serait souhaitable pour clarifier notre visée révolutionnaire vu le nombre de forces capitalo-compatibles que le PGE rassemble).

 

  • Concernant la construction d’une liste nationale et le rôle de nos élus :
    • De manière pragmatique, il nous semble compliqué d’envisager actuellement des alliances et un large rassemblement de la gauche réelle aux élections européennes. S’il est normal que nous travaillions à trouver des convergences, il nous semble que nous devons tout d’abord développer un programme en autonomie (mais en lien avec nos partenaires de la GUE-NGL) et chercher à valoriser le bilan de la mandature de nos députés (en mettant en avant les combats gagnés et les luttes menées). Le rassemblement viendra ensuite, si les conditions le permettent.
    • La réforme du mode de scrutin (avec passage à une circonscription nationale) complexifie la situation pour le PCF en l’absence de perspective de rassemblement.
    • Si nos élus au parlement européen ont clairement une importance pour alerter des mauvais coups en préparation et pour porter la voix du mouvement social et de la gauche réelle au sein des institutions de Bruxelles, il convient d’être clair sur le fait que le travail parlementaire a dans l’Europe actuelle un impact assez limité sur la politique appliquée. Par ailleurs, il nous semble tout à fait possible de « construire l’alternative au niveau européen » et de « pousser les contradictions » de l’UE sans être présent au parlement mais en étant plus présent dans l’animation des luttes (anti-CETA, anti-secret des affaires…) en lien avec le mouvement social.
    • A notre sens, il ne serait pas catastrophique de ne pas avoir d’élus PCF au parlement européen. Il serait par contre catastrophique de porter à nouveau un message flou ou d’être dans la demi-mesure à l’occasion de la campagne à venir.

 

  • Plus largement, concernant l’éventualité d’une sortie de l’Euro ou de l’UE, elle est loin de faire consensus en notre sein mais nous pensons qu’il faut arrêter de laisser entendre dans les propos portés par le PCF qu’il n’y a pas de salut en dehors de l’Europe et qu’une sortie de l’Union Européenne ou de l’Euro serait un désastre. C’est reprendre les arguments de la droite et des libéraux de tout bord. Nous devons laisser la place au débat sur ce sujet au sein de notre parti et nous devons observer sans a priori l’impact du Brexit sur l’économie anglaise.
    • Certains d’entre nous pensent que la zone euro est irréformable et que nous devrions étudier la crédibilité d’adhérer à des monnaies alternatives à l’Euro et au dollar (Sucre…) pour œuvrer à une autre mondialisation.
    • D’autres pensent au contraire que l’euro pourrait être un point fort dans la jungle de la mondialisation mais qu’il faudrait travailler déjà à la mise en place de solidarités au niveau international.

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