Contribution au débat “Bilan et avenir de notre démarche stratégique”

Retrouvez ci-dessous la contribution collective rédigée à l’issue du second débat qui s’est déroulé lors de notre réunion de section du 17 mars dernier concernant les questions qui nous étaient posées à propos du bilan et de l’avenir de notre démarche stratégique dans le cadre de la préparation du 38ème congrès du PCF.

N’hésitez pas à voter pour nos propositions sur le site participatif du Congrès en utilisant les liens ci-après !


Bilan : Pour un bilan partagé et sans fard afin de repartir de l’avant : http://congres2018.pcf.fr/8/pour_un_bilan_partag_et_sans_fard_afin_de_repartir_de_l_avant

  • L’abandon progressif à compter des années 1980 de nos principaux identifiants idéologiques (marxisme, matérialisme dialectique, centralisme démocratique…), d’un discours de classe, voire même de l’utilisation du mot « communisme » (notamment dans la foulée de l’effondrement du bloc de l’Est) nous semble pour beaucoup dans la perte de notre position centrale dans la vie politique française et dans le désamour que nous avons connu auprès de notre électorat. Nous devons réaffirmer clairement notre visée et notre originalité communistes.
  • Nous pâtissons clairement du fait d’être considéré comme un « parti électoraliste » assimilé à la « vieille façon de faire la politique ». Cette étiquette de parti électoraliste n’est pas nouvelle et elle trouve à notre sens sa source en 1983 lorsque nos ministres communistes sont restés au gouvernement de Mitterrand pendant plusieurs mois alors que la rigueur était mise en œuvre au détriment des ouvriers et employés… Cette période doit être le point de départ de notre analyse rétrospective. Surtout que cette dérive n’a fait que se renforcer. Nous devons briser le cercle pour en sortir. Or les municipales 2014 (avec leurs alliances à la carte) mais aussi les perches tendues par la direction nationale au PS en 2017 (les appels à Benoît Hamon pendant la campagne présidentielle ou le soutien apporté à Najat Vallaud-Belkacem pendant les législatives) ne nous ont pas forcément aidé…
  • L’absence de volonté des directions nationales successives d’ouvrir en grand le débat en interne pour aboutir à une position claire du PCF sur ce que nous souhaitons retenir et ce que nous rejetons dans l’expérience des pays ayant expérimenté le socialisme sous la houlette de partis communistes (URSS, Cuba, Vietnam, Chine, Yougoslavie…) a laissé le champ libre à tous les anticommunistes pour accréditer l’idée que le communisme avait définitivement échoué. Il est impératif que ces points soient débattus entre les communistes français de façon à ce que nous puissions dire clairement ce que nous revendiquons dans ces expériences, ce qui n’est pas acceptable et ce que nous souhaitons mettre en œuvre pour les dépasser (notamment le renforcement des pouvoirs de décision et d’organisation des salariés dans les entreprises avec un « droit de co-décider en tout » comme le formulent Jean et Lucien Sève…).
  • Concernant les conséquences de la présidentialisation :
    • Il est évident que l’élection présidentielle au suffrage universel fausse tout et n’est qu’un simulacre de démocratie en focalisant toute l’attention autour de personnes et non d’idées.
    • Cependant, même si nous rejetons la personnalisation de la vie politique française qui est inhérente à la Vème République, nous devons arrêter d’être naïfs et tenir compte du fait que les Français sont pour le moment encore attachés à cette désignation rituelle d’un leader via la Présidentielle.
    • L’abstention en hausse significative en 2017 aussi bien par rapport à la présidentielle que par rapport aux législatives de 2012 (notamment chez les jeunes et chez les ouvriers et employés) montre que, malgré les appels à une VIème République et malgré notre discours au sein du PCF sur l’importance du parlement pour influer la politique mise en œuvre par le gouvernement, la majorité des Français compte désormais uniquement sur la présidentielle pour faire changer les choses et ceux qui daignent se déplacer aux législatives le font en grande partie pour donner « mécaniquement » une majorité claire et nette au Président élu (s’ils sont peu politisés). Certains camarades se sont sentis ne plus exister en tant que communistes l’absence d’un candidat PCF à la présidentielle.
  • Concernant les « processus unitaires », nous constatons que :
    • Depuis que nous avons joué la carte de l’effacement du Parti au sein d’alliances (parfois de façade, comme ici) ne se revendiquant pas clairement d’une visée communiste, nous n’avons fait que continuer à reculer dans les urnes et que nos idées n’ont pas plus efficacement infusé la population du fait de ces alliances. En 2017, notre utilisation du logo « Front de Gauche » alors que très peu de formations du FdG soutenaient des candidatures que nous portions et alors que le FdG a été personnifié pour beaucoup de gens par JLM n’a fait qu’entretenir la confusion. Combien d’électeurs ont pu penser que FdG et FI étaient identiques ? Combien d’électeurs n’ont pas vu la différence entre deux programmes aux intitulés beaucoup trop proches (France / Avenir en commun) ? Nous devons arrêter de revendiquer une étiquette Front de Gauche qui ne représente désormais quasiment plus rien. Nous devons retrouver une initiative communiste clairement identifiable, une réelle autonomie, en ayant nos propres mots d’ordre et en remettant l’analyse des classes sociales au cœur du débat. Nous devons défendre à nouveau une visée révolutionnaire de dépassement du capitalisme.
    • L’union de la gauche qui permet d’obtenir des avancées sociales commence par un PCF fort car le Parti reste le point de rassemblement. Nous devons donc déjà travailler à remettre le PCF à l’offensive et à unir les communistes.
  • Il nous paraît enfin important d’analyser les choix du PCF aux élections de 2017 qui ont amené aux résultats catastrophiques que nous connaissons. Sur le plan national, plusieurs constats sont partagés par l’ensemble des camarades de Saint Maur :
    • Notre position de « soutien autonome » à Jean-Luc Mélenchon a été inaudible et incompréhensible pour les électeurs, même ceux de JLM (seuls 11% auraient voté pour nous aux législatives). Si nous soutenons à nouveau dans le futur un candidat non communiste à une élection, ceci ne doit pas se faire sans condition mais bien sur la base d’un programme commun et d’un accord électoral discutés au préalable. Nous devons arrêter de nous considérer comme une force d’appoint ou apparaître comme des suiveurs.
    • De même, si nous avons focalisé notre travail militant sur les législatives, nous n’avons pas fait d’efforts suffisants pour remettre en cause les institutions existantes donc notre position n’a pas bien été comprise.
    • Si nous devons combattre sans relâche les idées d’extrême droite, nous devons tenir compte du fait que la présentation du Front National comme « épouvantail » (à laquelle nous avons contribué) joue le jeu des partis et candidats qui misent sur le vote utile pour prendre le dessus. En campagne électorale, l’accent doit à notre sens être mis sur nos propositions et non sur la dénonciation des impostures des autres.

 


Avenir de notre démarche stratégique : Repasser à l’offensive pour redevenir un pôle moteur et attractif : http://congres2018.pcf.fr/8/repasser_l_offensive_pour_redevenir_un_p_le_moteur_et_attractif

  • Concernant la démarche politique concrète à adopter :
    • Pour les enjeux de transformation et les campagnes politiques à mener, nous nous étonnons qu’il nous soit à nouveau demandé (dans le texte d’introduction au débat) quelles priorités nous devons identifier dans nos combats sachant qu’une consultation des communistes a déjà précisé fin 2017 les combats jugés prioritaires par les camarades (pour rappel, la lutte contre le coût du capital et les inégalités, la révolution du travail et l’écologie)… et que ces derniers n’ont toujours pas été menés. Une décision démocratique des priorités a déjà eu lieu via cette consultation et il conviendrait désormais d’animer ces priorités autour d’une ligne directrice claire (celle de la sortie du capitalisme).
    • A partir de ces priorités, via des campagnes de long terme, il conviendrait d’analyser désormais chaque conflit et sujet d’actualité sous ces angles afin de le mettre en perspective et de démontrer la pertinence de notre vision. Il y a bel et bien une logique d’ensemble derrière la politique de Macron (capitalisme et libéralisme exacerbés) et nous pouvons en dégager des axes de lutte récurrents qui nous permettraient de travailler nos argumentaires sur le terrain dans la durée, de les ajuster, de les simplifier pour les rendre plus efficaces et gagner progressivement la bataille des idées.
    • D’un point de vue pratique, de nombreux camarades ressentent le besoin de revenir à des secrétaires à la propagande ayant pour mission à chaque niveau (section, département, national) d’animer et de coordonner ces batailles de longue haleine.
    • Le combat pour la démocratie réelle et l’appropriation citoyenne dans la cité et dans l’entreprise doit être remis au premier plan dans nos luttes en la réhabilitant au quotidien dans les municipalités que nous dirigeons (votations citoyennes…), dans nos décisions de Parti, dans notre discours afin de faire avancer les pouvoirs de décision des salariés et des usagers…
    • Il conviendrait d’insister plus dans notre communication sur les ferments d’une autre société qui existent déjà dans notre quotidien et qui viennent accréditer l’idée qu’une alternative est possible : services publics, coopératives de production et de consommation, renforcement constaté de l’engagement associatif dans notre pays…
    • Nous ne devons pas nous accommoder de notre mise à l’écart médiatique et nous devons réfléchir à créer / renforcer nos propre réseaux de diffusion d’information et à opter pour des modes d’action plus « chocs » et visuels (voir l’efficacité des campagnes d’Attac contre Apple ou contre la BNP). Nous avons fait de nombreuses propositions dans ce sens dans une contribution spécifique relative à la communication : http://congres2018.pcf.fr/8/mener_une_bataille_d_id_es_vis_e_h_g_monique
  • Concernant la centralité de la question démocratique, il nous paraît clair que :
    • Une conscience de classe est à reconstruire autour de la notion de « salariat » (plutôt que de la notion des 99% qui nous semble inopérante pour déjouer les ressorts de l’exploitation capitaliste, notamment en termes de vente de la force de travail) pour permettre la mise en mouvement démocratique des opprimés.
      • En effet, même s’il y a de moins en moins de grosses unités de production rassemblant des centaines ou milliers de travailleurs et même si nous sommes face à un morcellement croissant de la classe ouvrière et des solidarités associées, le salariat n’a jamais d’un point de vue historique été aussi développé qu’à l’heure actuelle (environ 90% des actifs occupés en France).
      • Cette notion permet par ailleurs de faire valoir les intérêts communs des opérateurs et des encadrants que le capitalisme vise à diviser dans les entreprises alors que ces catégories sont à des degrés divers victimes de l’exploitation capitalisme et des nouveaux modes de management. Elle permet d’envisager, selon la grille d’analyse de Jacques Bidet, une nouvelle alliance de la classe fondamentale et du pôle de l’organisation-compétence de la classe dominante.
      • Cette notion permet de créer des passerelles plus fortes avec les syndicats pour les associer à notre réflexion et donner plus d’écho aux luttes.
    • Le PCF se doit d’être exemplaire en termes de démocratie interne s’il veut apparaître comme une force politique en phase avec son époque :
      • Nous devrions procéder plus souvent à des votations internes sur les sujets qui font débat au sein du Parti (Europe, modalités de la transition écologique…) à l’issue de réelles discussions animées nationalement et localement.
      • Le renforcement des consultations directes des adhérents entre les congrès pour les questions stratégiques et une meilleure prise en compte par les directions des avis exprimés par les camarades nous semblent des éléments essentiels. Il y aura d’autant plus d’initiatives militantes que les camarades seront encouragés à en prendre et qu’ils auront la conviction qu’ils sont écoutés. Nous avons fait des propositions plus détaillées dans ce sens sur une contribution relative aux nouveaux modes d’organisation : http://congres2018.pcf.fr/8/lien_aux_adh_rents_d_mocratie_interne_et_changes_entre_sections
    • Pour reconstruire dans les conditions concrètes de la situation politique de 2017, il nous semble que :
      • Nous devons avant tout affirmer notre visée communiste, l’assumer et arrêter de penser que c’est un frein au rassemblement. L’histoire de notre pays montre que c’est quand le Parti Communiste est fort que la gauche réelle peut aller de l’avant. Notre premier objectif doit donc être d’affirmer nos idées, notre projet et nos spécificités, pour les faire progresser dans les esprits…
      • Nous devons commencer par porter nos idées, par mettre en avant des mots d’ordres clairs et compréhensibles par tous pour redevenir un pôle d’entraînement et d’attraction dans la vie politique française. A ce titre, nous avons clairement besoin lors des prochaines élections de mettre en avant plus de candidats issus du salariat, d’ouvriers, de chômeurs pour mettre en accord nos actes avec notre discours sur la nécessité d’une appropriation citoyenne des enjeux actuels. Avant d’envisager des alliances, le PCF doit en premier lieu avoir un programme clair et le faire connaître haut et fort.
      • La réflexion sur des alliances ne doit à notre sens venir que dans un second temps et sur la base d’un accord programmatique et électoral à même de faire progresser nos objectifs. Sur ce point, nous sommes pour favoriser des alliances mais sans se compromettre et en étant bien conscient que les modes de scrutins ne nous sont pas favorables en l’absence de proportionnelle et que nous n’avons donc pas toujours intérêt à faire l’alliance à tout prix. Nous devons être clairs sur le pourquoi de nos alliances, ne pas mettre la poussière sous le tapis et s’assurer une bonne visibilité sur les listes quand nous faisons une union.
        • Le PCF a toujours une image plus positive que ce que nous croyons (même si elle paraît ancrée dans le passé pour une part de la population) donc nous devons faire attention à ne pas servir de caution de « gauche réelle » quand nous allons dans un rassemblement. Sinon, cela se retourne souvent contre nous (exemple de la municipale parisienne où nous avons pour une part semblé cautionner la politique gouvernementale en nous alliant au PS). Les rassemblements électoraux doivent se faire sur une ligne politique claire et à notre avantage.
        • Le Parti ne peut à notre sens intégrer en période électorale un regroupement des forces de gauche sans perdre son identité que s’il :
          • Porte des ancrages forts, clairement communistes,
          • Adopte une position sans compromission (des compromis peut-être, mais pas de reniements),
          • Porte de nouveaux conquis sociaux, mesurables et atteignables dans la société du XXIème siècle
        • Pour ne plus être vu comme un parti électoraliste et pour mener de vrais campagnes / bataille d’idées, nous devons :
          • Arriver à mieux dissocier les batailles électorales et les batailles idéologiques en sachant les mener en parallèle et sans que les campagnes thématiques disparaissent pendant les périodes électorales.
          • Lorsque nous intégrons une majorité municipale plurielle où nous ne sommes pas majoritaires, ne pas hésiter à faire entendre nos désaccords, voire à claquer la porte si certaines lignes rouges sont franchies.
        • Concernant la notion de rassemblement, deux champs de rassemblement sont à considérer :
          • Électoral (voir précédemment),
          • Action militante et travail programmatique, où nous devons viser à rassembler tous ceux qui veulent réellement transformer le monde au bénéfice de l’émancipation humaine. Sur ce champ, nous ne devons pas rejeter ceux qui veulent venir avec nous et aller à la rencontre de tous ceux qui veulent changer les choses.

Nous déplorons le fait que le Parti n’envisage souvent le rassemblement que sur le plan électoral (ce qui est d’ailleurs assez criant dans le texte d’introduction aux débats qui nous a été fourni).

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