Contribution “Pour un PCF à la hauteur du défi écologique”

Suite à notre réunion de section thématique sur l’écologie du mois de mai dernier, nous avons élaboré une contribution collective intitulée “Pour un PCF à la hauteur du défi écologique”. Comme d’habitude, vous pouvez aussi la retrouver sur le site participatif de préparation du 38ème Congrès, ici.


Sachant que nous vivons désormais à crédit, consommant chaque année depuis les années 1970 plus de ressources que la Terre ne peut en générer, il y a urgence à changer de modèle. Face à l’accélération des phénomènes visibles du changement climatique et face au retrait des États-Unis de l’accord de Paris, nous devons changer de système pour sauver la planète, et les communistes ont un rôle important à y jouer, car lutter contre le capitalisme, c’est bien s’attaquer à la surexploitation qui est la cause profonde du changement climatique. La solution ne saurait être uniquement dans des changements de comportement individuel comme cherchent à nous en convaincre les grandes entreprises qui ont désormais gagné le droit de polluer sans entrave à l’échelle de la planète… La solution est dans la remise en cause des moyens et des finalités de la production !

 

Si notre Parti a bien saisi l’importance d’intégrer la dimension écologique dans sa réflexion, il doit être encore plus ambitieux et concret dans ses propositions. Nos débats sur l’écologie se focalisent encore trop souvent sur l’énergie, les transports et l’alimentation en faisant l’impasse sur de nombreux volets de la problématique écologique qui sont pourtant abordés de front par les militants de la cause écologique (privatisation du vivant, libre-échange, « greenwashing » du capitalisme…). Le réveil de la conscience écologique doit être vu comme un levier pour faire comprendre l’urgence de changer de paradigme. La lutte écologique est consubstantielle à la lutte contre le capitalisme.

 

Nous devons dire haut et fort qu’il n’y a pas de capitalisme « vert », que le capitalisme vise à toujours produire de nouveaux besoins et à créer de nouvelles valeurs d’usage, et que seules des législations contraignantes empêcheront les entreprises capitalistes d’aller toujours plus loin dans une course à la plus-value qui n’a que faire de la nature et de sa préservation. Comme disait Marx : « Après moi le déluge ! Telle est la devise de tout capitaliste et de toute nation capitaliste. »

 

Pour répondre à l’urgence climatique, quelques mesures nous semblent incontournables et devraient être affirmées plus clairement par le PCF :

  • Refus des traités de libre-échange (CETA…) qui poussent, en plus des destructions d’emplois, à une croissance illimitée des transports de marchandises émetteurs de pollutions et de nuisances. Nous devons favoriser les coopérations et les échanges de technologie entre pays pour produire localement et limiter les transports inutiles de biens.
  • Importance de faire de l’eau, de l’environnement, de la biodiversité, du génome et de l’air des biens communs gérés démocratiquement et inaliénables, en inscrivant ce point dans notre Constitution.
  • Lancement d’un plan de transition écologique avec :
    • Formation des salariés des secteurs impactés (charbon, construction et rénovation des bâtiments, raffinerie, automobile, aérien…) en s’appuyant sur notre proposition de sécurité d’emploi et de formation,
    • Isolation thermique des bâtiments publics…
  • Initialisation d’un plan de développement de l’agro-écologie et plan international d’aide au développement de la souveraineté alimentaire (maintien d’une agriculture paysanne pour que chaque pays avec lequel nous entretenons des relations puissent accéder à l’indépendance alimentaire).
  • Interdiction de l’extraction et de l’importation d’hydrocarbures non conventionnels.
  • Investissement massif dans la recherche publique :
    • sur l’écologie et sur la transition énergétique,
    • sur la ville de demain, pour que les zones urbaines denses de demain soient pensées de manière à être économe en énergie et à favoriser les circuits courts locaux (en réimplantant notamment une agriculture urbaine paysanne ou coopérative) et le recyclage / réparation…
  • Mise en place :
    • d’un pole public bancaire,
    • d’une taxe sur les transactions financières,
    • d’une modulation des droits de douanes en fonction du respect des normes sociales et environnementales et des émissions de gaz à effet de serre au travers notamment d’une écotaxe kilométrique tenant compte des distances parcourues et des modes de transport utilisés à l’échelle de la planète pour acheminer les marchandises dans notre pays,
    • d’une écotaxe poids lourds sur les routes françaises,
    • d’une taxe sur les emballages

…  pour financer les mesures de transition écologique et pour inciter les comportements vertueux.

  • Développement du fret ferroviaire mais aussi fluvial (avec un plan d’interconnexion et de développement des voies navigables).
  • Limitation volontariste du développement du transport et du fret aérien.

 

Au-delà, il nous paraît crucial de :

  • Mettre fin à l’obsession de la compétitivité et aux politiques de l’offre qui poussent, outre leurs impacts sociaux désastreux, à produire et gâcher toujours plus, indépendamment des besoins de la population et des travailleurs. Les travailleurs et les usagers doivent disposer de nouveaux pouvoirs de décision pour fabriquer les produits socialement judicieux.
  • Limiter drastiquement les possibilités d’utiliser des terres cultivables pour produire des agrocarburants.
  • Défendre la réglementation européenne REACH sur les produits chimiques qui est attaquée par les lobbys industriels alors qu’elle protège à la fois les travailleurs et l’environnement,
  • Dénoncer les fausses solutions écologiques telles que la voiture électrique individuelle…
  • Prévoir des temps dédiés plus conséquents de sensibilisation à l’écologie à l’école, dans les cours de sciences et vie de la terre (SVT) en collège et lycée mais aussi en école primaire.
  • Renforcer les obligations de dépollution des sols faites aux industriels qui quittent une zone afin de permettre que les terres soient à nouveau cultivables…
  • Soutenir les AMAP, les circuits courts et les coopératives agricoles de production/consommation.
  • Rendre le service public exemplaire, en :
    • achetant à tous les niveaux des produits bio ou agro-écologiques afin d’impulser un réel changement dans les exploitations agricoles,
    • en finissant par exemple avec les démarches de reconduction budgétaire basées sur le constaté qui font que certains services de l’armée de l’air font tourner les moteurs des hélicoptères ou des avions en fin d’année uniquement pour reconduire leur budget de carburant…

 

Sur le plan financier, nous devons dire clairement que la nature n’est pas un « ensemble de services éco-systémiques » comme certains voudraient le faire croire. Nous devons ainsi agir pour :

  • Interdire les crédits carbone et les mécanismes de compensation qui autorisent les puissants à polluer et à détruire des écosystèmes en échange de quelques euros ou de quelques arbres replantés à l’autre bout de la planète.
  • Interdire les produits dérivés, les obligations vertes et autres obligations « catastrophe » qui permettent de s’enrichir sur des démarches pseudo-écologiques ou de spéculer sur la survenue de catastrophes.
  • Refuser la privatisation et la brevetabilité du vivant ainsi que toutes les démarches d’évaluation économique des « bénéfices de la nature » qui ouvrent la voie à sa marchandisation.
  • Interdire sans délai les produits phytosanitaires qui tuent les abeilles…

 

Concernant les documents de cadrage qui ont été présentés par la commission nationale Écologie dans le cadre des assises communistes de l’écologie en mai dernier, nous partageons la quasi-totalité des propositions et ambitions formulées. Nous tenons cependant à formuler quelques commentaires et à suggérer quelques compléments :

  • Concernant le mix énergétique :
    • Notre Parti devrait lancer un réel débat en son sein sur le futur de l’énergie nucléaire car il s’agit d’un sujet qui divise les camarades. La proposition de création d’un service public de l’énergie qui serait en charge d’étudier de manière indépendante le mix énergétique le plus adapté pour notre pays semble à même de faire consensus.
    • Le développement de l’utilisation de l’énergie marémotrice devrait être mis plus en avant.
  • Concernant l’aménagement du territoire, il nous semble important d’insister sur le besoin d’une co-élaboration démocratique des grands projets d’infrastructures avec les usagers, les habitants des territoires mais aussi les salariés des entreprises concernées.
  • Concernant l’articulation entre nouveaux modes de production et nouveaux pouvoirs dans l’entreprise, les salariés (mais aussi, pour les services publics et les biens communs, les usagers et les collectivités territoriales) doivent décider rationnellement des finalités de la production, des besoins qu’elle doit satisfaire pour aller vers une société sans classes mais pour aller aussi vers une société qui produit les biens et les services dont elle a réellement besoin. A ce titre, il est essentiel de viser à renforcer partout les pouvoirs d’intervention des salariés.
  • Concernant l’alimentation, certains camarades pensent qu’il serait temps de mener un débat ouvert sur la consommation de viande arguant qu’il serait essentiel d’aller vers sa diminution à moyen terme du fait des impacts sur les besoins en eau et sur les émissions de CO2.

 

Au niveau européen, enfin, il nous paraît important de mener avec nos partenaires de la GUE/NGL des campagnes autour de thématiques écologiques qui ont un écho important dans la population (par exemple, CETA, produits phytosanitaires, finalités et organisation de la politique agricole commune…)

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