Billet d’humeur du 6 décembre 2020

Face à l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre les mesures qui s’imposaient pour stopper la progression de l’épidémie, nous vivons un nouvel épisode de confinement. Un confinement allégé, un confinement tourné encore plus que le précédent vers la restriction des libertés publiques et vers la satisfaction des intérêts des grands groupes et des multinationales. Un confinement destructeur pour la culture, pour le sport, pour les petits commerces et plus globalement pour tous les lieux de sociabilité et pour tous les petits plaisirs du quotidien. Un confinement qui donne l’impression à nombre de nos concitoyens de traverser un long jour sans fin, sans capacité à se projeter dans le futur, d’autant plus quand la précarité vient frapper à la porte de nombre de Français… Un confinement qui frappe encore plus durement les précaires et les personnes isolées socialement.

Comment expliquer que tous les bars et restaurants soient fermés alors que les cantines scolaires et la plupart des restaurants inter-entreprises restent ouverts ? Comment expliquer que les rassemblements privés de plus de 6 personnes soient interdits alors que les entreprises sont libres de faire venir des dizaines de salariés dans les bureaux et que les collèges accueillent des classes allant jusqu’à plus de 30 élèves ? Comment expliquer que ce gouvernement qui prétendait en mai s’engager pour une réindustrialisation de la France laisse Bridgestone fermer son usine de Béthune et Vallourec fermer son site de Déville-lès-Rouen ? Comment expliquer que le RSA et le SMIC ne soient pas augmentés alors que plus de 10 millions de nos compatriotes vivent désormais sous le seuil de pauvreté, quasiment 1 million de plus rien que pour cette année ? Comment expliquer ces constats si ce n’est par le fait que ce gouvernement a mis l’économie et le versement des dividendes des actionnaires avant la protection des travailleurs et de l’intérêt général ?

Comme nous l’avons dit à plusieurs occasions, derrière l’incohérence de façade des décisions gouvernementales, il y a bel et bien une logique : celle de la satisfaction des intérêts du Capital « quoi qu’il en coûte ».

En relançant le débat sur sa contre-réforme des retraites, Bruno Le Maire a bel et bien annoncé la couleur : le gouvernement entend faire payer la crise au peuple et laisser tranquille tous les profiteurs de crise. De notre côté, nous le disons haut et fort, notamment au travers d’une pétition  : ce n’est pas au peuple, ni aux travailleurs de payer la crise ! 

Sachant qu’ils ne bénéficient plus d’aucun soutien populaire, Macron et les siens s’enferment dans une surenchère sécuritaire, poussant jusqu’au bout les tendances monarchiques de la Vème République. La loi dite de « Sécurité globale », contre laquelle les mobilisations ont été massives, en est le symbole tant elle vise à donner un blanc seing aux forces de l’ordre pour mater toute contestation et tant elle ne cache même pas son intention de restreindre encore plus les libertés publiques. La loi contre les « séparatismes » est elle est utilisée comme prétexte pour réduire au silence les lanceurs d’alerte et pour orchestrer un duel dangereux avec l’extrême-droite. Enfin, la loi de programmation de la recherche (LPR) voit apparaître un article visant à interdire quasiment toute possibilité d’occupation des campus universitaires…

Oui, Macron n’a pas changé d’un iota, malgré ses déclarations. Il est toujours ce libéral-autoritaire, sourd aux revendications populaires, mais toujours prêt à servir la finance et le grand patronat. Il en fait actuellement la démonstration sur le volet écologique. Poussé par une décision du Conseil d’État à justifier sa trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il élude tandis qu’il travaille parallèlement à assécher les propositions de la convention citoyenne pour le climat : le crime d’écocide devient un délit de mise en danger de l’environnement, un malus pour les véhicules automobiles de plus de 1,8 tonne est annoncé alors que la convention citoyenne demandait qu’il soit applicable dès 1,4 tonne, la baisse de la TVA sur les billets de trains ou le moratoire sur la 5G sont refusés…

Il en fait aussi la démonstration sur un autre volet de la loi « Sécurité globale » en déléguant à la police municipale, sans moyens supplémentaires, des prérogatives régaliennes assumées jusqu’ici par la police nationale, ce qui se traduira par une rupture de l’égalité entre les territoires, continuant à creuser le fossé entre les villes riches qui pourront se payer une sécurité et les communes en difficulté qui ne pourront même plus se tourner vers l’État pour demander de l’aide… Ce faisant, il renforce la ghettoïsation et les soi-disant « séparatismes » contre lesquels il prétend lutter.

On le voit, la situation est complexe et nous faisons face à un gouvernement déterminé à profiter de ses derniers mois au pouvoir pour parachever son travail de sape de l’égalité républicaine et du modèle social français. Heureusement, le niveau de mobilisation est élevé, on le voit au travers des manifestations qui se déroulent tous les week-ends et des grèves qui traversent le pays. Les mobilisations, couplées à des violences policières trop criantes contre les réfugiés évacués sans ménagement de la place de la République ou contre le producteur de rap Michel Zecler à son domicile, ont poussé Macron à légèrement reculer sur l’article 24 de la loi de sécurité globale. Notre mobilisation et celles de plusieurs organisations et élus auront aussi poussé le gouvernement à opter pour la gratuité des futurs vaccins contre le Covid-19, même si le combat reste à poursuivre, ne serait-ce que pour qu’il en soit de même dans toute l’Europe.

Dans le contexte de crise actuel, la capacité à incarner une réelle alternative, construite avec les travailleurs et avec celles et ceux qui souffrent, apte à mobiliser les millions d’abstentionnistes, devient urgente. Notre Parti y prendra toute sa part.

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