Billet d’humeur du 17 janvier 2021

La crise sanitaire que nous traversons n’en finit plus de s’approfondir. L’ensemble de la planète traverse une seconde vague qui s’avère plus meurtrière que la première, faute de mesures de confinement adaptées. Cette seconde vague pourrait même encore s’aggraver compte tenu des variantes très contagieuses du virus qui sont apparues au Royaume-Uni et en Afrique du Sud et qui profitent de la mondialisation capitaliste pour se propager à grande vitesse…

Alors que plusieurs gouvernement doivent se résoudre à un confinement strict (en Angleterre mais aussi au Portugal ou dans certaines parties de l’Allemagne), le gouvernement français continue de préserver les intérêts des multinationales en jouant sur un couvre-feu à géométrie variable dont l’efficacité reste limitée et en se contentant d’inciter au télétravail, sans réelle obligation. Après l’échec de l’approvisionnement des masques et des moyens de protection que nous avons connu l’an passé, voici que le gouvernement se décrédibilise encore un peu plus avec les apories d’une stratégie vaccinale qui s’avère inopérante et dont la lenteur n’en finit pas de surprendre. Une stratégie dont l’élaboration a d’ailleurs était confiée pour plusieurs dizaines de millions d’euros au cabinet de conseil McKinsey, cas d’école démontrant une nouvelle fois l’inefficacité de la sous-traitance au privé de la définition des politiques publiques. L’incohérence et l’improvisation permanente continuent d’être les maîtres mot des décisions sanitaires gouvernementales quand on voit que les enfants sont autorisés à s’entasser à une trentaine en classe mais qu’ils n’ont par contre plus le droit de faire de sport en salle…

Alors que la course au vaccin se généralise et que l’on constate déjà des pénuries dans la fourniture des vaccins Pfizer et Moderna (alors que certaines unités de production de Sanofi dans notre département sont dans le même temps en sous-activité), les méga-profits de Big Pharma grimpent en flèche. Pourtant les recherches de ces sociétés privées sont principalement financées par d’énormes sommes d’argent public et s’appuient en grande partie sur des laboratoires universitaires publics en termes de recherche fondamentale. Il faut en finir avec la logique de brevet. Il est vital que les vaccins soient librement accessibles à toutes et tous pour gagner contre cette pandémie ! C’est tout le sens de la campagne « Pas de profit sur la pandémie » que les communistes portent et de l’initiative citoyenne européenne que nous avons lancée avec plusieurs associations et partis politiques européens. Les vaccins et les traitements contre les pandémies doivent devenir un bien public mondial. La santé publique doit passer avant le profit privé !

De son côté, le gouvernement français continue de profiter de la pandémie pour prolonger l’état d’urgence et pour faire entrer dans la loi des dispositions de plus en plus liberticides. Justifiant les violences policières par la voix de Darmanin ou de Macron, il continue de défendre son projet de loi « Sécurité globale » pour faire la courte échelle à l’extrême droite. Il a déjà officialisé le fichage des militants politiques et syndicaux, mais il n’entend pas s’arrêter là. Visant à consolider un néolibéralisme de plus en plus autoritaire, il veut restreindre les libertés publiques mais aussi poursuivre l’affaiblissement des services publics nationaux en faisant reposer de plus en plus de missions de sécurité publique sur les polices municipales, rompant ainsi un peu plus avec l’égalité républicaine entre tous les territoires. Heureusement, comme les manifestations de ce week-end l’ont une nouvelle fois montré, la population se mobilise contre les lois liberticides en attendant une grande manifestation nationale annoncée pour le 30 janvier prochain.

Discrètement, le gouvernement met en place les éléments d’une nouvelle « crise de la dette publique » pour justifier des projets régressifs qu’il n’a pas abandonné, à l’image des contre-réformes de l’assurance chômage et des retraites. Il n’abandonne pas non plus son objectif d’étendre la sphère des marchés confiés au privé. C’est bien le sens du projet « Hercule » qui vise à démanteler EDF ou des projets d’explosion en une multitude de filiales qui touchent la SNCF et la RATP, le gouvernement bénéficiant sur ce dernier point du relais zélé de la droite francilienne.

Face à cette offensive tous azimuts, les luttes se multiplient, mais, dans le même temps, la difficulté à identifier une date sortie de la pandémie, l’impression de traverser une nuit sans fin ou l’impossibilité de vivre de réels moments de convivialité (les restaurants, les cafés, les salles de concerts, les musées ou les salles de sports restant désespérément fermées) amènent une partie de la population à se replier sur elle-même. L’injustice et l’incohérence apparente des décisions gouvernementales peuvent aussi entraîner certains à se résigner. Nous devons être vigilants sur ce point et appeler à la mobilisation générale au moment où 1 million de français supplémentaires sont rentrés dans la pauvreté depuis le début de la pandémie, au moment où 200 000 emplois supplémentaires sont menacés (que ce soit chez Air France, chez Michelin, Damart, Conforama, Orchestra, Derichebourg, PSA, mais aussi chez quantité de TPE-PME), au moment où les suicides se multiplient dans le monde étudiant…

Pensons que certains étudiants qui découvrent les études supérieures et qui se retrouvent loin de leur famille pour la première fois de leur existence n’ont pas encore pu réellement côtoyer leurs camarades de promotion ou assister à un seul cours en présentiel. Ils se retrouvent bloqués dans une petite chambre étudiante, rivés devant un écran pour suivre leur cours et, faute de pouvoir trouver un petit boulot ou de pouvoir bénéficier du soutien financier de leurs familles, ils doivent parfois aller faire la queue aux Restaurants du cœur pour pouvoir manger… Ne le sous-estimons pas : cette crise aux multiples facettes aura des conséquences durables sur la psychologie des plus précaires, mais aussi sur leur santé tant les retards sont nombreux dans l’accès aux soins.

Dans ce contexte, plus que jamais, les propositions portées par les communistes trouvent tout leur sens, qu’il s’agisse de la sécurité d’emploi et de formation, de la création d’un pôle public de la recherche, de la production et de la distribution du médicament, ou encore d’un plan d’investissement et d’embauches massif dans les secteurs de la santé et de l’action sociale. Du haut de nos 100 ans, nous avons encore beaucoup de choses à apporter à la France !

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